- Mais répondre par la négative, c'est nier le pouvoir du peuple qui élit ses représentants, c'est remettre en cause le fait majoritaire.

En l'occurrence, mon moineau, le pouvoir du peuple me paraît être une vue de l'esprit ! Ça devrait peut-être, mais ça n'est pas. Notre démocratie représentative est limitée à sa plus rudimentaire expression. On élit nos représentants sur de vagues projets qu'avec le plus parfait cynisme ils ne respectent jamais. Et une fois élus, à part dans la rue, il ne reste plus aucun moyen de contrôle aux citoyens lambda que nous sommes. La grande oeuvre d'un véritable pouvoir démocratique respectable serait de commencer par rétablir le contrôle citoyen sur les actions qu'il va lui-même engager. Et pas seulement d'attendre les élections suivantes pour paraît-il avoir le droit de sanctionner, alors que le mal est déjà fait.

- Tu veux dire que la démocratie, c'est le droit pour le peuple de choisir ses tyrans ?

Pas tout à fait ! Les vrais tyrans ne s'embarrassent pas de l'avis de la piétaille plébéïenne. Alors que nos candidats à l'investiture citoyenne, eux, multiplient les ronds de jambe à l'approche des élections, tentent de cajoler l'électeur dans le sens du poil, font miroiter mille promesses, avec l'aide appuyée des médias officiels, tous aux mains de leurs complices de la haute finance.

Et comme ils ont affaire au même public - du moins le croient-ils - ils utilisent les mêmes appeaux rebattus, qu'ils soient de droite ou à la gauche de la droite (le PS). Le thème de la sécurité en est un exemple. Les programmes, pour ceux qui nous ont gouvernés ces derniers temps, "socialistes"(sic) ou umpistes, c'est comme les émissions imbéciles des chaînes télé, il s'agit pour le candidat et sa bande de s'offrir "du temps de cerveau humain disponible"[1], et être élus.

- Faudrait peut-être songer à réformer le peuple, pendant que tu y es !

Eh oui, c'est bien là le problème. La démocratie repose sur le fait majoritaire. Et de ce fait, justement, elle est souvent représentative de la médiocrité majoritaire de l'espèce humaine. Ce n'est hélas pas une révélation tant l'Histoire regorge d'exemples d'actes médiocres et inqualifiables commis avec la bénédiction active ou soumise de majorités humaines. Il nous faudrait parfois rabattre notre caquet sur notre prétention à être des êtres supérieurs.

Les grandes oeuvres humaines ont pour la plupart été le fait de minorités agissantes à l'origine. Il nous faut les trouver. Mais elles ont du mal à émerger et à s'exprimer, tant nos élites autoproclamées et leurs courtisans médiatiques ont à coeur de limiter le "champ politique" cher à Bourdieu à ce qui leur paraît acceptable à eux.

- Et si on ne trouve pas cette force catalysante nouvelle, positive, qu'est-ce qu'on fait ? Faut continuer à vivre, tout de même !

La démocratie est un pis-aller, mon doux zoziau, sans doute le moins mauvais régime qui existe pour administrer les sociétés humaines. C'est pourquoi il faut se battre pour la sauvegarder.

Mais ce n'est qu'un pis-aller, pas une valeur absolue. La valeur absolue, c'est la conscience individuelle.

Dans la démocratie, la majorité, c'est-à-dire les représentants élus par la majorité des électeurs, vote les lois. Très bien, mais je pose que la conscience individuelle a le devoir de les refuser, de résister quand ces lois sont d'évidence iniques. Comme les lois antijuives promulguées par le régime du Maréchal Pétain en son temps. Comme les récentes lois anti-immigrés ou prétendument préventives contre la délinquance, et toutes celles qu'une horde de malfrats aux abois dresse actuellement en murailles pour protéger des intérêts particuliers.

- Une résistance active ? Maintenant ???

Oui, une résistance active, une volonté clairement assumée de désobéissance civique, maintenant, en notre "âme et conscience", comme on dit.

Des citoyens français ont récemment montré l'exemple en protégeant ces enfants colorés que des "forces de l'ordre" viennent débusquer jusque dans les écoles maternelles avec des méthodes gestapistes.