La Philosophie à Paris

LETTRE A EMMANUEL HIRSCH / Ethique de la vulnérabilité et Préface à la transgression

24 Juin 2012, 13:05pm

Publié par Le Cazals

[ceci est un précipité issu de ma correspondance]

Foucault dans la Préface à la transgression parle de "libérer" l'éthique "de ce qui est scandaleux ou subversif, c'est-à-dire de ce qui est animé par la puissance du négatif." (p. 19, paru en février 2012, ou sinon les Dits et Ecrits I, année 1973)
Sortir l'éthique de la machination de l'Ouvert, c'est-à-dire de la méthode de perversion dont une des formules (en raccourci) est monisme = pluralisme (égalité  qui se poursuit sans fin mais est en variation dans Mille-Plateau). Nous en sommes à notre époque en un (contre-)point baroque (voir les vidéo de Deleuze sur l'harmonie et le point de vue). Mais la période de l'Ouvert qui va de la renaissance à la révolution quantique s'achève. On retrouve une éthique de la "nature humaine" comprenant de multiples personnalités ou tonalités dans la horde du contrevent (la meute = la horde = une nature humaine à multiples personnalités). Pour faire le pont entre Damasio et Neitzsche et ne pas trop préjuger de la tentative de Damasio. A ceci prêt pour en revenir à votre quesitonnemet sur la vulnérabilité que "Il n'y a pas de pleurnicheur dans une horde, jamais. Ceux qui se plaigne ont une raison, toujours". Je vous renvoie au motif de la plainte d'Ariane chez Deleuze (ou de la méchanceté à la fin de sa vie qui est exprimé du point de vue de la vulnérabilité). Si on sort de l'éthique de la subversion on en reste pas moins dans l'éthique de la perversion (l'érotique étant à prendre au sens large du mixte de sensualité et de chasteté dont Nietzsche fait remarquer dnas le contre Wagner qu'elles ne s'opposent pas notamment au sein du coup qui dure, cf. Lady Chatterley ou l'homme de bois). Foucault et Deleuze reste pris dans une éthique de la perversion au sens où il pervertissent les règles et incluent des machines et des dispositifs dans des machines et des dispositifs plus grands, mais il y a toujours derrière à l'horizon la mystique de l'être comme arrière-fond métaphysique, comme Ouvert. C'est très différent avec le Dehors. Peut-être que déjà on comprend que les opiats et les narcotiques prennent une grande part dans notre société dans la prise en charge de la douleur et de la fin de vie (cf. Par-delà bien et mal §11 et la faculté dormitive de l'opium ou Contre Wagner, où ranger Wagner ?).

Reste peut-être que mon trajet est inverse que votre questionnement actuel, histoire de ne point vous heurter ou vous décevoir, tenant plus de la résilience passage de la défaillance à la vaillance, de l'homme faillible à l'homme capable (si l'on pense aux deux écrits extrêmes de l'œuvre de Ricoeur). Mais le baroque et vous n'aure qu'à chercher la vidéo du cours de Deleuze sur l'harmonie chez Leibniz L'expression propre du baroque évolue du pathétique au dynamique. Il y a une progression de tension. Il y a une ouverture dramatique des tensions dans la musique à travers le pathétique comme expression particulière du baroque. La façon dont les premiers accords du baroque agissaient n'était pas encore tendue, et n'était pas encore dynamique. Les rapports deviennent de plus en plus fonctionnels ou hiérarchiques entre les sons. c'est cela l'Ouvert comme variation infinie mais avec la prise en compte narcotisée de la douleur nous avons basculé au Dehors.

La citation de Damasio rejoint l'interrogation de Sartre sur la douleur. il cite notamment dans Saint Genêt, le fait que pour Camus, la douleur est abstraite (cf. la peste). La douleur aurait pu demeurer concrète mais nous l'avons narcotisée, rend alors la vulnérabilité, la faiblesse (au sens de débilité) qui fait qu'on est appareillé d'un injecteur de morphine. Notre pensée est sortie du domaine de la raison suffisante (cf. Schopenheur qui en fait le bilan sans en tirer les conséquence dans La quadruple racine du principe de raison) pour celui de la passion et de l'affect. De sujet nous devenons projet, mais je n'ai pas le temps de développer sur la schizo-analyse, juste le sujet (vulnérable) est différent du projet (par ex. la Horde à multiple personnalité, la maison de l'éthique, etc...). C'est le basculement de l'âge classique à l'âge quantique où la moindre action devient la plus petite information.

Pour donner plus d'envergure, avec l'imprimerie nous avions appris à lire (con-naissance de l'imprimerie et de la renaissance), avec internet nous apprenons à écrire (l'information n'est plus indexe sur un support papier (matière) mais sur la lumière). C'est la maîtrise de la connaissance (synthèse et analyse) qui permet de traiter l'information. Mais c'est ce traitement qui fait que l'on est vulnérable ou non, en ce qu'on peut anticiper les catastrophes, les traumatismes de vie.

Bien à vous.

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