La Philosophie à Paris

DELEUZE / Quels rapports entre la pensée, la bêtise et la vie ?

18 Janvier 2008, 04:59am

Publié par Le Cazals

Quels rapports entre la pensée et la vie ? Deleuze jointure sans doute un peu trop la vie et la pensée en bon vitaliste l'une comprendrait l'autre dans certaines occasion, mais c'est surtout que la pensée peut être ce qui détourne la vie de la bêtise, de ce qui freine sa croissance, sa puissance. Paris8philo
Le schéma est simple dans l’Éthique de Deleuze, il y a trois dimensions primordiales : la pensée, la bêtise et la vie[1] . Mais ce versant, de la philosophie est cette lignée explosive et volcanique ID_191 composée de Lucrèce, Spinoza et Nietzsche. Ils ont mené chacun pour leur compte une entreprise de libération et de démystification. En tant qu’affirmatrice (spéculative, systématique), la pensée ne s’oppose pas à la vie, c’est la bêtise qui veut le lui faire croire, pour mieux s’arroger ses privilèges. La bêtise vient s’initier entre les vies et la pensée et les empêche de coexister en un enrichissement perpétuel. Bref, il s’agit bien de libérer la vie (non-organique) de ce qui l’emprisonne P_196. Et Deleuze de rappeler le leitmotiv de Nietzsche « nuire à la bêtise ». Pour Deleuze une pensée de la vie est contre la bêtise comme la bêtise est contre la vie cf. D_32. Il y a bien une philosophie de la « vie »…, une pensée de la « vie » : elle consiste précisément à dénoncer tout ce qui nous sépare de la vie, toutes ces valeurs transcendantes tournées contre la vie… Ce qui empoisonne la vie, c’est la haine y compris la haine retournée contre soi, la culpabilité… la honte P_39. A la haine et à la honte cf. P_11, SP_22, Deleuze et Guattari veulent substituer non l’espoir non la foi mais la joie et la confiance en la Terre P_239. Il y a une grande complicité, une grande sympathie entre la vie et la pensée. En fait il n’y a qu’un terme, la Vie, qui comprend la pensée mais inversement aussi qui n ‘est comprise que par la pensée. Non pas que la vie soit dans la pensée SP_23. C’est en quelque sorte la figure du naïf qui ressurgit mais sous un jour différent, non la crédulité mais l’absence de culpabilité à faire, à poursuivre ce qu’on entreprend. Ce que met en avant Deleuze c’est une certaine forme de naïveté P_122, RF_198 l.38. Une naïveté éthique. Nietzsche reprochait à Socrate et Platon, « le dévoyé », d’avoir corrompu cette naïveté. On touche ici au surhumain, au point focal où le réactif est vaincu (ressentiment et mauvaise conscience) RF_191. Les pouvoirs établis ont besoin de nos tristesses pour faire de nous des esclaves  D_77. Si l’on prend L’Éthique de Spinoza, il y a peu de thèmes qui apparaissent aussi constamment : tout ce qui est triste est mauvais et nous rend esclave ; tout ce qui enveloppe la tristesse exprime un tyran SE_250. Les deux fléaux de Nietzsche : le ressentiment et la mauvaise conscience, c’est à la lettre ce que Spinoza appelait la haine et le remords cours du 14/01/74.


[1] En réponse à Philippe Mainguié cours à l’ENS du 13 :08/03. Pour lui il y a beaucoup de bêtise dans les slogans de Deleuze et Guattari. Bien évidemment il y a de la bêtise, de l’urgence dans les mots d’ordre de Deleuze-Guattari si on les lit avec précipitation, mais heureusement car sans malentendu il n’y aurait pas de rencontre. Et Badiou lui-même défend cet aspect des choses, sous son air disjonctif. Le mot d’ordre est l’arme employée pour sortir de la philosophie avec la philosophie, s’adresser au peuple en lui parlant du possible et non au virtuel.

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