La Philosophie à Paris

LECTURE / Critique et Clinique de Gilles Deleuze

16 Octobre 2008, 13:02pm

Publié par Anthony Le Cazals

Critique et clinique représente dans la troisième période de Deleuze, celle ou la création n'est plus volonté (affect) ou fuite (concept) mais contemplation (percept), le livre des combats et des guérisons. Dans une moindre mesure de la guérison. C'est la dualité que suggère déjà le titre, ou plus exactement c'est la dualité du titre que dépasse le combat en menait à la conversion à une santé nouvelle. Comme il le dit lui-même Critique et clinique n'est pas un livre sur la combinaison secrète ou le chiffre contenu dans tel ou tel oeuvre d'un écrivain ou d'un penseur, mais nous ajouterons, bel et bien un livre qui rapporte des combats et de probables guérisons.


Le Combat.

Ainsi pourrez-vous retrouver cette dimension qui fut longtemps rejeter par Deleuze que le combat ou la lutte. La lutte depuis son Nietzsche était toujours lutte du plus grande nombre, jamais il n'avait envisagé le duel ou si l'on préfère ce qui pousse à rivaliser. Ce n'est qu'avec q€u'est-ce que la philosophie qu'apparaît le terme de joute ou d'agpn qui pourtant est très présent chez Nietzsche et qui pour Deleuze sera déterminant quant à l'apparition du milieu philosophique. C'est que l'ami est avant tout un rival, dans la sociétés des hommes libres, on parlerait volontiers de concurrence ou d'émulation dans nos termes contemporains pour rendre la choses plus saisissables. Mais celui qui a le dernier mot est au fond le plus endurant, ansi sont les combat en pensée. Deleuze se met même à entrevoir la prédominance d'Héraclite sur les stoïciens et nombre de leur conceptions, c'est le combats des profondeurs, des affinités profondes chez Héraclites, qui n'apparaissait pas avec la surface de l'événement chez les Stoïciens. "Lawrence retrouve intensément Nietzsche
Notons au passage que tout naît d'un combat et que par-là même le combat arrête le délire et empêche l'excès, ce qui nît du délire c'est un bien. On passe du "tout grand bien ne nous echoit que par un délire" de Platon (Socrate dans le Phèdre) à "le combat est père et roi de tout" d'Héraclite. Ce qui provient d'un combat n'est pas bon (ou mauvais), une fois le duel ou la guerre déclarée. Non ce qui provient d'un combat c'est la natalité, l'apprentissage, qui n'est ni la bonté ni la nouveauté : pensez au "bébé qui présente cette vitalité" _167. Bonté et nouveauté comme actualités requièrent la finalité du Bien et la virtualité du Tout.

Relevons donc ici les occurrences non exhaustives du combat et de la lutte in Critique et clinique. :
I. La littérature comme lutte contre le délire de domination en tant que fascisme lavé DzCC_15
II. Wolfon. La langue maternelle comme combat de tous les instants _23.
III Lewis Carrol : Le combat des profondeurs. « Tout commence chez Lewis Caroll par un combat horrible » _34.

V. Kant. « Le Sublime fait jouer les facultés de telles manières qu'elles s'opposent l'une à l'autre telles des lutteurs, que l'une pousse l'autre à son maximum ou à sa limite, mais que l'autre réagisse en poussant l'un à l'inspiration qu'elle n'aurait pas eu toute seule ... c'est une lutte terrible _48-49.

[...]
VIII. Whitman. « Entre la Guerre et la Nature il y a une cause commune » _77-78.

IX. Enfants. « Plus que les adultes les enfants résistent au forcing » _81.

XI. Jarry et Heidegger. « On dirait que chez les deux auteurs la technique est le lieu d'un combat » _118.

XII. Nietzsche. La simple critique de l'homme supérieur par Nietzsche comme achèvement de l'humanisme.

XIII. Bégayer. Face à face entre le bégaiement et le langue portée à sa limite, le silence, pour "fendre l'opinion" et  « conquérir des visions fragmentées » _142.

XIV. T. E. Lawrence. « Le corps à corps presque spirituel » entre gloire et Honte.

XV. Nietzsche-Artaud. Le passage d'un système du jugment à un système de la cruauté ou du combat. _158-166.

XV. Kafka. les combats contre le château, contre le jugement, contre le père, contre les fiancées « Ainsi toutes les oeuvres de Kafka pourraient recevoir le titre de déscription d'un combat » _165.

XV. Artaud : le combat contre le jugement de Dieu _166 : « Le combat n'est pas un jugement mais la manière d'en finir avec dieu et le jugement » _168.

XVI. Nous, Platon, les Grecs. l'abandon du projet de sélection des rivaux par la prétentions aux idées pour une sélection plus modeste par la puissance — le combat si vous voulez.

XVII. Spinoza. la sélection des signes non par un effort personnel de la raison mais par la lutte passionnelle, le combat inexpiable entre affects passifs, actifs (et réactifs), "au risque d'en mourir" _180.


La Guérison comme conversion.

Le combat est en fait l'instance qui subvertit la dualité de la critique des mots et de la clinique des corps, car son urgence fait fondre cette dualité qui est propre au « Repos », à l' « Être » et dont on sait à présent, depuis Galilée, que ni l'être ni le repos n'existe mais que chaque chose est mouvement. C'est en ce sens que le terme de conversion est encore tout religieux ou métaphysique (pensez à Plotin)

I. La littérature. La santé comme écriture ou la conversion à l'écriture. « La littérature est délire et à ce titre joue son destin entre deux pôles du délire... Le délire est une maladie, la maladie par excellence... et la mesure de la santé... La maladie n'est pas processus... la littérature apparaît alors comme le processus de santé » _14-15.

II. Roussel. La conversion de la phrase originelle _21.

X. Melville. « Faire naître le nouvel homme ou l'homme sans particularité » _108.

X. Bartleby, Melville et Lawrence. L’échec des deux révolutions, américaine et soviétique, pragmatique et dialectique et la nécessité d'une communauté nouvelle, "la sociétés des sans pères" dont les membre soit capable de "confiance" _108-109.

XI. Jarry : "La technique planétaire est donc le lieu de renversements, de conversions ou de tournants éventuels" _119.

XII. L'Ariane de Nietzsche : "Passer de Thésée à Dionysos, c'est pour ariane une affaire de clinique, de santé et de guérison" _133.

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V
oui mais c'est quoi vraiment, la "clinique des corps" ?
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A
<br /> La Clinique des corps, c'est simplement le fait de suivre ses inclinations, Deleuze associe "critique" et "clinique" dès son ouvrage Logique des sens. Mais je ne saurais vous le redonner<br /> présentement :) l"expression clinique ou deviance des corps (ce que l'on retrouve dans le clinamen d'Epicure comme déviation)<br /> <br /> <br />
V
....XVII. Spinoza : la sélection des signes non par un effort personnel de la raison mais par la lutte passionnelle, le combat inexpiable entre affects passifs, actifs (et réactifs), "au risque d'en mourir" _180....<br /> <br /> eh bien c'est ce qui m'arrive et je cherche à savoir qu'el sera l'enfant de cette lutte par la "néssecité "<br /> cela dit interressant , malgré l'orthographe douteuse du début ! ( dsl!) , aller j'essaye de démeler là , votre desir délire et ces niezschteries...de son fruit ...<br /> je crois que j'ai hate de lire la fin
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