La Philosophie à Paris

REPONSE A OYSEAULX / Pourquoi un lexique en apparence si badiolien ?

16 Octobre 2006, 13:40pm

Publié par Anthony

Réponse au commentaire de Mr OyseaulX d'aujourd'hui

 

 

Mr le plus sçavant des OyseaulX, vous êtes gonflé ou quoi (autuant lui retourner sa propre critique). Ce que vous touverez dans notre lexique de termes peu abordables parce qu’ils nécessitent un effort pour être compris. Ces mots, ces concepts s’adressent à peu de gens du fait même que l’effort pour les comprendre affranchit, libère de beaucoup de choses. C'est sans prétention, tu peux rester toute ta vie sans faire d'effort, on appelle cela le nihilisme. Ces mots regroupés dans le lexique de notre site ne s’adressent pas à tout un chacun sinon nous aurions écrit un chat = un chat, et ça nous avancerrait à rien. Ce sont les définitions des mots les moins courants que l’on peut rencontrer sur notre site, peut-être de les avoir sortis de leur contexte et les avoir rassembler ici ne sert à rien. Mais pour comprendre l’usage que nous en faisons, ou même que d’autres auteurs en font, il faut cliquer sur le lien, ainsi vous aurez Mr Oyseault un contexte voire des exemples plus parlants. L’usage que l’on peut faire d’un concept est peut-être trop résumé dans ce lexique. Nous parlons de notions simples en fait, mais elles sont très peu employés, on ne va pas parler de monde, de moi, de Un, on se doit de critiquer la Substance, le virtuel, les abstractions tout ce langage décharnés qui part souvent d’illusions qui témoignent de notre petitesse d’homme. C’est bien ce que vous faites en critique la conscience que l’on peut avoir de soi ou du moment. Ca me fait penser à ces étudiants de la Sorbonne qui parce qu’ils sont oisifs pensent avoir conscience des choses, être plus éveillés, alors que les travailleurs sont pris dans leur propre production dont il se sorte avec plus ou moins de mérite, la conscience c’est précisément quand par peur du danger on arrête un processus.

 

 

En tout cas, il y a peu de mots grecs (stasis renvoie tout de suite à stabilité ou à état), les mots les plus incompréhensibles (nous les avons repris à Castoriadis) sont pour l’instant homonomie, hétéronomie, autonomie. Nous avons essayez d’en trouver d’autres mais les trois réunis montre bien que l’on fonctionne dans tel ou tel régime de pensée ou de vie. Moi aussi je suis un illettré et un inculte à la base à vous de faire l’effort pour comprendre, on ne va pas vous tendre, puisque conduire à l’effort c’est l’optique même de ce site. Histoire de se répéter, l’homonomie c’est l’idéal ascétique, l’abstraction qui pose un monde intelligible pour tout platonicien, ou une structure qui sous-tend la réalité comme pour le linguiste Saussure. On ajoute quelque chose d’abstrait à la réalité, on y superpose un néant, un vide. Quant à l’hétéronomie c’est le faire d’être soumis à un autre, c’est donc une hiérarchie qui au final mène à Dieu, au Père, l’Etat, aux lois contraignantes.

 

Peut-être le malentendu vient-il de ce que nous lexique pour être compris de notre aimable lecteur (souvent critique à en lire les commentaires). Si nous avions fait un lexique sur Spinoza ce serait tout aussi incompréhensible de prime abord, le reproche d’être peut pédagogique ou didactique serait honnête. Mais l’honnêteté veut aussi que l’on peut être capable par exemple de différente chose, de manière autonome, de manière restreinte pour celui qui croit en un monde intelligible, ou de manière hiérarchique pour celui qui s’appuie sur un pouvoir. Mais on va tout de même faire attention à votre commentaire et déplacer certaines définitions de concepts abstraits à la Badiou. Ceci était juste pour indiquer qu’on pouvait avoir différents points de vue sur le même terme. Mais ce dont nous parlons est très concret, à la fois proches des faits tout en s’en libérant en montrant quelque chose de plus large. Nous insistons en fait sur des processus, des conditionnements des habitudes de pensée qui sont très peu aperçu par tout un chacun. Et c’est ainsi qu’on peut libérer la pensée des entraves du langage et que par là on peut libérer . Ce que je dis, on le retrouve chez Heidegger, quand à la fin de sa vie il cherche à préparer une pensée autre que la métaphysique (amoindrissant ainsi l’importance qu’il donne à Etre et Temps, on ouvrage majeur et très métaphysique) : J’ai fait une distinction entre philosophie c'est-à-dire la métaphysique, et la pensée telle que je l'entends. Cette pensée est, fondamentalement, quant à la chose même, beaucoup plus simple que la philosophie, mais, en conséquence, beaucoup plus difficile à accomplir, et elle exige un nouveau soin apporté au langage, et non une invention de termes nouveaux, comme je l'avais pensé jadis; bien plutôt un retour à la teneur originale de la langue qui nous est propre mais qui est en proie à un dépérissement continuel.

 

PS : notez, Mr Oyseault que Mr Badiou donne très peu de définitions puisqu’il part d’hypothèses abstraites (vérités ou axiome) auxquelles il associe des opinions autoritaires selon les circonstances. En posant peu de définitions il se distingue de Spinoza dont la pensée était aussi axiomatique (faite d’hypothèses comme en mathématique) : Spinoza pose en plus des axiomes des définition du style : « j’appelle substance… ».

 

 

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O
Je suis très sensible à la peine que vous avez prise de répondre d\\\'une façon aussi développée à la remarque que j\\\'avais faite sur votre lexique ; le texte de Heidegger que vous citez me semble aller plutôt dans le sens de ma remarque ; en tout cas, j\\\'y souscris pleinement, à l\\\'exception de la dernière phrase, car je crains qu\\\'elle ne nous entraîne dans des directions qui me paraissent douteuses.<br /> <br /> Cependant, certaines remarques s\\\'imposent.<br /> <br /> 1° Le texte sur la critique de la conscience auquel vous renvoyez sur mon site n\\\'est pas de moi ; il était précisé qu\\\'il s\\\'agissait d\\\'une « traduction inédite », à savoir de l\\\'aphorisme 354 du Gai Savoir ; on peut évidemment apprécier comme on veut ma façon de ne pas citer le nom d\\\'un auteur lorsqu\\\'il me paraît suffisamment connu pour être identifié (lorsqu\\\'il s\\\'agit de sources peu connues, je suis, au contraire, d\\\'une précision maniaque) ;<br /> <br /> 2° Les définitions que vous donnez de l\\\'autonomie et de l\\\'hétéronomie sont des plus classiques, puisque ce sont celles de la Critique de la Raison pratique et des Fondements de la Métaphysique des mœurs. Je n\\\'ai donc aucune difficulté de vous suivre dans l\\\'interprétation que vous donnez de ces notions, mais je pense qu\\\'on pourrait critiquer ces dernières (et non l\\\'interprétation que vous en donnez). C\\\'est ce que j\\\'ai commencé de faire dans mon article « Contribution à une critique des savoirs supposés » (repris, notamment, par Indymedia), où je vois, dans la prétendue autonomie kantienne (dont le terme n\\\'apparaît pas), une intériorisation de la loi (je pense que ce point ne souffre pas de difficulté) et, par conséquent, une manipulation (ce point est moins traditionnel). La notion d\\\'autonomie s\\\'en trouve, évidemment, problématisée.<br /> <br /> 3° La définition que vous donnez de la stasis prête à discussion, car, si le mot a effectivement le sens que vous lui donnez dans les textes platoniciens (encore qu\\\'il faudrait nuancer en présisant qu\\\'il désigne, dans le Timée, l\\\'aboutissement (purement hypothétique) d\\\'une histoire cosmologique à l\\\'issue de laquelle le mouvement finit par s\\\'arrêter, un peu comme avec le second principe de la dynamique ; voir la Physique de Platon de Charles Mugler), il signifie, au contraire, sédition chez Thucydide et c\\\'est le sens qu\\\'il a neuf fois sur dix chez cet auteur, sens qui n\\\'était évidemment pas inconnu de Nietzsche.<br /> <br /> 4° Un souvenir personnel : Deleuze disait un jour à ses disciples (et oui) qu\\\'en philosophie on devrait s\\\'exprimer comme tout le monde « et que s\\\'il était permis de critiquer quelqu\\\'un d\\\'aussi admirable que Klossowski, ce serait sur ce point ».<br /> <br /> 5° Badiou n\\\'est sans doute pas la pire pute de l\\\'heure, mais quand vous définissez, sans autre précaution, la subjectivité comme étant la capacité restreinte, vous abusez de la bonne foi du lecteur qui ne peut pas deviner que cette acception traîne avec elle tout un ensemble de présupposés que vous lui faites avaler sans qu\\\'il se rende compte et, là, je trouve que ça ne va pas. D\\\'où ma réaction, peut-être insuffisamment réfléchie.<br /> <br />
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A
Mr Oyseaulx, enfin une réponse.<br /> 1°) Je connaissais d'autres aphorisme : notamment celui où la consceice naît de l'aprréhension d'un danger.<br /> 2°) Reste que Kant ne parle pas d'homonomie. Pour Plinio prado les affects ne permettrait pas de parvenir à l'autonomie. Nous laissons en suspens la question...<br /> 3°) Sur la Stasis il faut savoir qu'il y a deux sens sédition et station, qui apparemment sont irréductible sauf pour Nicole Loraux dans La tragédie athénienne. Je la cite<br /> "C’est à cette occurrence simultanée des deux sens du mot stasis que je m’intéresse… Si le clivage du mot stasis en deux sens opposés est un fait de langue, il n’est certes  pas indifférent que, plus d’une fois dans son œuvre, Platon se plaise à en mettre la logique à la question" LorTA_110<br /> 4°) Deleuze lui aussi avait une tendance à l'abstraction notamment quand il parlait de Leibniz ou de Qu'est-ce que la philsophie ? Zourabichvili n'aimait pas qu'on le disent mais c'est aussi pour cela que Badiou était très sensible à ces livres.<br /> 5°) La subjectivité oui est à bannir, le mot restreint (ou rabougri ce que nous n'osions encore mettre pour des question d'empathie) est là pour ça. Mea culpa. Pas eu encore le temps de changer le lexique.