La Philosophie à Paris

RANCIERE / Le sujet politique et le scandale de la démocratie

7 Avril 2008, 22:31pm

Publié par Anthony

Extraits de l'entretien de Jacques Rancière : « Il n'y a jamais eu besoin d'expliquer à un travailleur ce qu'est l'exploitation ». Vous pourrez voir en quoi le sujet politique appartient à une politique du ressentiment et de l'esclave qui au lieu de l'émanciper le cadre, s'exprime à sa place. Toute volonté qui se fait représenter ou aspire à la reconnaissance se coupe de sa puissance, délègue sa force et par là fait état de sa failesse, de son caractère d'esclave. Rejoignant notre critique de la subjectivté, qui n'est qu'une colère face au réel qui ne peut se dire ou s'avouer, voyez en quoi "le sujet politique est le représentant de la part des sans-parts", un vampire des damnés. Le ourreau a souvent le visage d'un sauveur dans le triangle bourreau-victime-sauveur. Anthony

 

"Qu'est-ce qu'un sujet politique ?
Un sujet politique n'est pas une partie de la société ni un appareil de pouvoir. C'est un représentant de la part des sans-parts, un opérateur de l'ouverture du champ politique au-delà des partenaires et des institutions reconnus. Le « mouvement ouvrier », par exemple, n'était pas la représentation des intérêts ouvriers, mais l'affirmation de la capacité de tous ceux auxquels l'exercice de la citoyenneté était dénié à cause de leur appartenance au monde du travail. Ajoutons qu'un sujet politique n'est pas une entité stable. Il n'existe qu'à travers ses actes, sa capacité de changer le paysage du donné, de faire voir ce qui n'était pas vu, entendre ce qui n'était pas entendu. Il existe comme la manifestation effective de la capacité de n'importe qui à s'occuper des affaires communes.

En quoi la démocratie est-elle un scandale ?
Le scandale démocratique est déjà perceptible chez Platon. Pour un Athénien bien né, l'idée de la capacité de n'importe qui à gouverner est inadmissible. Mais la démocratie apparaît aussi comme un scandale théorique : le gouvernement du hasard, la négation de toute légitimité soutenant l'exercice du gouvernement. Ce scandale de l'absence de légitimité du pouvoir, il le transpose sur un mode sociologique en représentant la démocratie comme un gigantesque bordel où tout le monde fait ce qu'il veut, les enfants commandent les parents, les élèves font la leçon aux maîtres, les animaux occupent la rue, etc. Tout le bavardage qu'on entend aujourd'hui sur l'individualisme consumériste n'est que l'habillage contemporain de la critique première de la démocratie. "


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