La Philosophie à Paris

THOMAS-FOGIEL / Le paradoxe de la critique de la critique

22 Mai 2011, 20:18pm

Publié par Anthony Le Cazals

Paradoxe de la critique de la critique, défense provisoire du criticisme face à la décadence universitaire.

la distinction entre vérité et savoir, base à la réintroduction de la puissance dans la connaissance.

Certains relèvent "scrupuleusement" la supposé auto-contradiction de la critique kantienne, appelons-les analytiques. Cette critique du "criticisme" de Kant qui ferait s'effondrer tout l'édifice kantien remonte aux ouvrages d'Enésidème mais aussi Aetas Kantiana, tome 244, II, 578 : Il se pose comme une alternative dont l'argumentation est tronquée sans que ce truchement n'apparaisse, comprenez que nous opérons ici un changement de perspective face à des imprudences effondrantes . Donnons ou bien ce que dit la critique de la raison pure est vrai et alors pour qu'une connaissance soit vraie, il faut qu'il y ait une intuition et un concept. Or, l'énumération des conditions de possibilité de la connaissance ne satisfait pas à ce critère de vérité, puisque ces conditions ne sont pas représentables par intuitions et concepts. Par suite si ce que dit la Critique de la Raison Pure est vrai, alors la critique de la raison pure est fausse.
ou bien il existe un mode de vérité autre que la liaison d'un concept et d'une intuition. En ce cas, Kant a tort de dire que la seule vérité est celle des jugements mathématiques et physiques. Par suite, là encore, la critique de la raison pure est fausse.
Vous avez un exemple de binarité de raisonnement sans nuance pour comprendre que la critique de la raison pure est une construction humaine avant tout. Allez demander à une construction qu'elle soit vraie ou fausse l'important est qu'elle tienne notamment aux contre-arguments.
Cela s'appelle prendre les gens pour des nigots, car la philosophie opère de tout temps par effet de capture ou d'attrappe-nigot qu'on nomme disciples.
Il semble bien que ce qui relève de la subtilité et de la nuance échaoppe encore aux détenteur de vérités binaires qui ne sont là en rien mathématiques.

Cette "propension à l'auto-réfutation" part bien du refus d'assumer la prétention à la vérité des propositions coupant toute voie à la tentation de la fondation. La particularité du Kantisme est de couper le chemin d'accès à l'absolu mais d'ouvrir la voie à l'autonome (c'est-à-dire ce qui ne respectent pas les lois des supposées matière et esprit). Ceux que certains nomment l'importance du "tournant langagier", issu de la confrontation entre les soit disant paradigme de la conscience et les paradigmes du langage qualifieraient ma présente critique de relativisme alors précisément que je ne reconnais à la conscience qu'une dimension seconde voire nulle, que je ne rentre pas dans le paradigme de la subjectivité et sa grammaire. Cela par la syntaxe employée relèverait de "contradiction performative". Que n'inventent-ils pas. Le tournant langagier a se défaut d'une part de réduire la philosophie à la moralité d'une capture de la vérité et d'autre part de faire croire que la vérité supputée absolue tiendrait dans une proposition. Dire cela relèverait, selon les philosophes de classe, du relativisme.

Viennent ensuite deux "Or".

Or il existe un argument imparable qui est que Kant est un philosophe qui pose la distinction entre vérité et savoir. Cette distinction est relevée par tout philosophe dès lors qu'il énonce des énoncés synthétiques. Cette distinction entre vérité est savoir est par exemple relevée par Schopenhauer en germe dans la quadruple racine du principe de raison suffisante et explicitement dans Le Monde comme volonté et comme représentation ainsi que dans Logique des Mondes de Badiou; Pour ma part je renchérirais volontiers en disant que la vérité n'a pas d'importance, la vérité qui attriste en ce qu'elle est énoncée dans une chute n'est pas l'importance qui est énoncé entre vivants (et morts aussi via les textes et les acquisitions instinctives non transformées en institutions).

Or le dogme auquel j'appartiens (par l'époque non par le coeur) est de dire que la philosophie n'est pas là où elle est prétendument formulée, ni dans une fonction de vérité ni dans des proposition. Il s'agit avant tout d'un travail à même le langage de pliage d'une force qui d'une part produit le tranchant (intrinsèque, propre, en tant que tel, que je qualifierais d'autonome), d'autre part la trace de l'agir sur le pâtir (la nécessité, le là qui n'est pas la loi) mais encore une part de déchet idéel (l'outrance, l'hyperbole, la transcendance qui conduit à l'énonciation des lois). Mais on a là les opérations transcendantales du négatif ou de son cousin l'envers : le minimum, la conjonction, l'enveloppe BadLM_117-118/163). Dès lors que l'on supprime l'enveloppe propre à la pensée organique pour tomber dans l'inorganique, on perd cette dimension négative propre à la pensée par idée. Il se trouve même qu'apparaît une complexité entre les dimension de l'actif, du passif et du réactif (qui était la part aveugle de cette construction). Et oui je vient de faire s'effondrer le dogme sur lequel je prétends m'asseoir. Paradoxe de celui qui n'est dans l'idéalisme de l'immanence (Ouvert et Envers, Loraux comme Badiou). Il y a du propre, du soi, il y a de l'agir et du pâtir, mais ce serait masqué le réactif., de ne pas voir que ceux qui agissent le plus sont aussi ceux qui n'étant pas en haut de l'échelle des idées, pâtissent aussi le plus ou dit autrement "la négation est là de ce que le "là" est déjà négation" (_163).
Ceci est la nature première du "Dehors", du "Surpli", non rapetissé par les institutions des maladifs, nature première qui nous est intérieure. Bref c'est là doctrine de la négation de ce qui existe à trop vouloir le déterminer, la vie est faite de nécessités plus ou moins singulières non de déterminismes.

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