La Philosophie à Paris

012. Livrée A

14 Février 2013, 19:31pm

Publié par Anthony Le Cazals

100 à 399. — Le style français des années 60-70 s’est retrouvé freiné dans les années qui suivirent par les circonstances défavorables : l’idée était que chacun devait créer dans son coin et mettre en commun ses recherches dans une sorte d’auberge espagnole bouillonnante. Mais quand le bouillonnement n’est plus, la nouveauté n’est qu’apparente et le dogmatisme de la « création de concepts » excelle. Or précisément ce qui permit ce bouillonnement, ce sont trois choses : une vitalité affective loin de toute morale écrite, une langue qui contrairement à l’allemand ou au grec ne porte pas à l’absolu en formant aisément des substantifs à majuscules et un refus politique de la servitude volontaire que l’on retrouve de manière très bruyante à la Libération et en Mai 68. C’est tout ce bouillonnement pré-biotique, pré-individuel qui permit l’ouverture d’un « champ de possibles », d’un champ de bataille heureux et non la mise en esclavage de l’humanité par le plus hideux des hommes comme première forme de gouvernement de la Terre. Une société qui n’est pas résiliente court à sa perte, à son propre conservatisme, conservatisme qui s’appuie toujours sur une monnaie et sur un mode dominant de  consommation d’énergie, qui n’est pas à l’exemple du pétrole le plus répandu mais celui qui permet d’instaurer la rareté. C’est dans une décadence de l’hellénisme que se forgea la philosophie dogmatique, celle de Platon et d’Aristote qui demeure dans des principes dont tout combat ne sait que faire tels les principes de non-contradiction et du tiers exclu et la loi de causalité. Tout ceci grève l’action et peu à peu par le biais d’interprètes plutôt que d’inventeurs s’est sédimenté dans le discours, jusqu’à rendre l’interprétation et l’expérimentation des textes comme des passages obligés. Comme le dit Aristote, La pensée discursive est la capacité de dire ce qu’appelle une situation et ce qui convient. On reste dans la convenance plus que dans le renversement d’une situation apparemment « de fait ». Et avec les signes c’est de bien autre chose dont il est question. Les signes sont comme des oiseaux qui frappent du bec à la fenêtre. Il ne s’agit pas de les interpréter. Il s’agit plutôt de repérer leur trajectoire, pour voir s’ils peuvent servir d’indicateurs de nouveaux univers de références susceptibles d’acquérir une consistance suffisante pour retourner une situation DzCC_84. Nous verrons alors sur quels signes, sur quelles positivités s’appuyer comme il en existe dans les sciences, d'où le titre de la première livrée : les signes d'une philosophie à venir. C’est aussi une boutade car à lire cela,  vous vous mettez en retard pour faire « cette » philosophie. C'est pourquoi on avancera la dimension du fini-illimité qui n’est autre que les processus, les devenirs, les tendances qui existent dans toute situation et que l’on retrouve aussi bien dans la pensée de Nietzsche, quand il parle d’éternel retour, ou dans le comportement des rats quand ils finissent par former des groupes — dès lors qu’ils sont enfermés — ou encore en physique quantique, par les potentialités des électrons qui finissent par produire des mouvements incompréhensibles par la physique classique. Tout ceci nous force à Penser. Ce sont ce qu’on peut appeler des signes.

Commenter cet article