La Philosophie à Paris

429. Et l'espace vole en éclats.

15 Février 2013, 01:42am

Publié par Anthony Le Cazals

Exergue. — L’espace correspondrait moins à une forme a priori de la sensibilité qu’il ne serait le corrélat de l’opération par laquelle la sensibilité elle-même s’ouvre au monde extérieur en s’y projetant DamSN_9. Du « point de vue de la vérité », c’est parce qu’elle se projette sur le monde que la conscience s’illusionne mais bourgeoisement ne le voit pas. Il faut rappeler que nous sortons de la dimension de l’Ouvert qui a débuté pour se terminer entre Nietzsche et Deleuze, suivant le temps que l’on prend en compte pour que le sang monte aux oreilles.

 

L’argument des contreparties incongruentes énoncé la première fois en 1768 dans l’ultime forme de représentation du mouvement dans l’espace est à la base de l’idéalisme critique de Kant. Cet argument scopique* et symbolique ne passe pas le crible de l'asymétrie cérébrale métabolique, il n'y a donc pas d'espace, mais le crible tridimensionnel de nos préjugés projeté sur la complexité et la richesse de ce qui existe. Tout référentiel galiléen adopté par Netwon et repris là par Kant est inadapté pour saisir le fini-illimité 331 qu'est l'espace «  courbe  » de la théorie de la relativité. Que sont alors ces contreparties spatialement incongruentes ? Petit historique de ce que l'on peut percevoir comme une bévue. Les contreparties incongruentes, du nom des quartiers de noblesse qu'elles arborent, sont des corps similaires mais qui ne peuvent rentrer dans les mêmes limites comme par exemple nos mains. Elles sont symétriques mais pas superposables. L’argument des contreparties incongruentes est abordé surtout par les philosophes anglo-saxons qui jugent cet argument insatisfaisant et se détournent de la critique kantienne. Pourtant cet argument va évoluer avec la définition que Kant donne de l’espace absolu qui en découle et révèle toute l’expérience de pensée qu’est la critique Kantienne. Cet argument repose sur la chiralité ou la symétrie de nos mains et provient d’une illusion visuelle qui nous fait penser nos mains symétriques ou superposable dans un espace absolu. Cet argument fait donc de l’espace non un objet de sensation mais la conception fondamentale qui conditionne la possibilité d’existence d’un corps. Dans le § 15 de la dissertation de 1770, Kant pose l’idéalité de l’espace, mais se pose la question de la nature de cette idéalité, relève-t-elle de l’entendement ou de la sensibilité ? En 1783 (§ 13 des Prolégomènes à toute métaphysique future), pour Kant l’espace ne se voit pas, ne peut se tirer de l’expérience car c’est de l’espace en tant que condition de possibilité que découle l’expérience. Enfin la quatrième occurrence de l’argument des contreparties incongruentes se trouve dans la remarque 3 de la 2e définition des premiers principes métaphysiques des sciences de la nature, Kant y définit l’espace comme la supposition que l’on fait en vue de l’expérience. L’espace absolu quant à lui est un espace relatif qui peut se concevoir en dehors des corps c’est-à-dire pour résumer un système de relations. Au final Kant exclut l’espace comme étant en soi.

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