La Philosophie à Paris

935. L'expérience comme immersion et embarquement dans l'activité dévorante.

7 Mars 2013, 19:23pm

Publié par Anthony Le Cazals

Avant de philosopher il faut vivre Bergson BgPM_151.

On puise dans nos souvenirs et nos affections. On est des natures. Cela amène à une sorte de naissance en soi. Ça part d'un feu, d'une intensité intérieure, d'une activité dévorante comme une passion active et à la fois cette volonté doit être cassée, parce qu'on n’avance pas avec la volonté, mais avec les laisser-faire, les brisures. Il y a souvent une négociation interne entre le désir qu'on a de soi et le désir de l'autre et il faut savoir miser sur la prise de risque sur l'outrecuidance. Alors plus qu'un culot, il y a une synergie faite de dépersonnalisation réciproque et de singularisation qui nous prend dans un tourbillon ou dans une spirale. Ce n'est pas la figure de la spirale qui n’est autre que la double hélice, l’évolution aparallèle passionnée ou encore, en des termes deleuzo-foucaldiens, le Dehors ou le Surpli comme nouveau registre de pensée et d’activité … Cette expérience est possible sans les catégories de la raison droitière KwFD, mais la manière de devenir supérieur passe par l'intégration de ces catégories de l’expérience du sujet moral au corps bien discipliné. Se tenir dans la « percée du langage », sur la brèche au dehors de cette habitude maladive de penser en système. Même au niveau des systèmes les substitutions tentées n’ont été que le passage de systèmes multi-ponctuels ou fermés à des systèmes multilinéaires ou ouverts : ce que tenta Deleuze, lui qui estimait que ce système où nous vivons ne peut rien supporter : d’où sa fragilité radicale en chaque point, en même temps que sa force de répression globale DzID_291. Nos métaphysiciens auraient tôt fait d’appeler cette expérience, expérience du Dehors que pour mieux se revendiquer de se tenir au sein de leur idéalisme subjectif. La percée vers un langage d’où le sujet est exclu : c’est ce qui est apparu avec la génétique ou même l’informatique. Les mutations n’apparaissent plus comme des erreurs mais bien au contraire le rejet à tout prix de la corruption ou le métissage des langues et des corps apparaît comme une erreur. L’homme est peut-être doué de parole, mais la vie cellulaire et virale est douée aussi d’un langage qui s’est toujours moqué de la vérité et donc du mensonge. L’homme est peut-être doué d’écriture mais il a délégué le traitement d’une partie de son langage à des machines qui ne procèdent pas par phrases grammaticales mais par la mise en route de phases d’algorithmes.

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